Revue de Presse du 25 Avril 2019 : Dépenser n’est pas penser …

La bâtisse était un peu fatiguée, entre une petite route douce et une forêt charmante, elle tenait debout depuis quelques longs siècles de peine, de guerre et de manque, de chaleur et de gelure …

Elle avait abrité des générations de labeurs, laboureuses et laboureurs …

Pas bien riches ; ils avaient, dans son manteau de chaume, fait amour et cuisine, des enfants et quelques rêves aussi …

Et tout autour cultivé des vignes arides, quelques fruits récoltés, quelques labours creusés et des révoltes sourdes, tenaces et puissantes, des pensées sauvages et libres, affranchies et indépendantes …

Puis, épuisés de pauvreté, ils étaient partis vers les villes pour donner un peu plus de devenir et de soupe à des enfants que la bâtisse avait, de ses grandes fenêtres humides de chagrin, regardé partir …

Après quelques visites, de plus en plus distantes, elle était restée seule ; et fut délaissée la petite route, écartée la belle grande forêt pour qu’une autoroute puisse traverser sa quiétude et relier de grandes villes prétentieuses et hautaines …

Et la bâtisse de notre histoire n’intéressant plus personne, sa charpente avait lentement cédé sous le poids des herbes hautes et des vagues de froidure, elle s’était affaissée, elle  s’était écroulée et personne pour la ramasser … Et pour la reconstruire même pas un petit sous ; pas de collecte ni de discours pour glorifier son histoire, pour évoquer la force et toute la charge humaine et républicaine de son passé …

Les gouvernements n’aiment guère les campagnes ; du reste, pour faire moderne, ils ne les appellent plus ainsi ; ce sont maintenant : nos territoires : car campagnes cela sentait un peu trop le peuple du refus ; celui qui ne voulait pas se conformer à la grande unification des pensées : donner tous à la même collecte ; regarder tous la même série, penser tous qu’il faut réduire l’imposition et ne pas se rendre compte que cette diminution sera financée par la lente et certaine suppression des subventions publiques, à commencer par les campagnes, précisément …

Et aussi tous croire qu’il faut dépenser pour ne pas trop penser ; acheter les mêmes futilités inutiles, celles, de préférence, rabâchée par la publicité …

Il était possible, après tout, de croire que le président voulait, grâce au grand débat, nous donner à penser

En réalité, le grand débat va servir à nous donner ce qu’il faut penser

Une stratégie présidentielle habile et très bien pensée …

 

 

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